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Les critiques de l'Archichancelier
1 mars 2007

SAW

Une honte. En effet. Pour la simple et bonne raison que le scénario part d'une excellente idée: deux mecs; un huis clos dans un lieu pourri; des chaînes aux pieds; une scie.

Mais ce concept génial ne fait pas long feu, en raison d'un très mauvais traitement de ces excellentes idées de base. Suite à ce début prometteur, on a droit à un gros navets accumulant les invraisemblances et les péripéties douteuses.

On aurait en effet aimé un traitement un peu plus complexe de cette trame, mais non! Les scénaristes ont décidé d'ajouter une enquête policière multipliant les clichés (les deux détectives (un Asiatique, et un homme de couleur, parce que ça fait concept, tu vois) en civil qui enquêtent sur un serial killer et suspectent un innocent, l'un des deux flics meurt, l'autre, qui s'est fait virer de la police, continue malgré tout l'enquête tout seul (on a droit à de pathétique scènes avec Danny Glover sombrant dans la folie et parlant à la photo de son défunt coéquipier: "Il ne va pas m'échapper, je te promets, je te vengerai!", lui dit-il à propos de l'assassin) et tirant le film vers le bas. De plus, ce scénario est tellement mal construit que pour nous présenter le serial-killer à qui l'on à affaire, on a droit à une séquence nous récapitulant ses anciens méfaits. On est bien loin de Seven (j'ai lu pas mal de réactions visiblement exagérées disant que Saw était nettement supérieur à Seven, ce que je trouve personnellement hilarant), qui possédait une construction bien plus solide, nous présentait un serial killer à la psychologie bien plus développé qui rendait passionnant le jeu de chat et de la souris auquel il se livrait avec les détectives incarnés par Morgan Freeman et Brad Pitt (bien plus crédibles). Et surtout, Seven repose sur un concept de meurtres bien plus élaboré: sept péchés capitaux, sept meurtres, parfaitement répartis tout au long du film (contrairement à Saw).

La façon dont sont traités les personnages laissent également à désirer: même le plus mineur réintervient par la suite; C'est-à-dire que l'on croise un mec vite fait au début, et qu'on découvre par la suite qu'il joue un rôle important dans la machination (Zep pour ne citer que lui). Ca me fait penser à I, robot où le vilain du film n'est autre qu'un logiciel qu'on nous avait brièvement présenté au départ, et qu'on ne mentionnait plus avant la fin justement, où l'on découvre que c'est l'ennemi (un ennemi sorti d'on ne sait où).

Visuellement, Saw accumule également les clichés: la lumière joue sur les surexpositions et les sous-expositions, parce que ça fait tendance, et le réalisateur James Wang réalise des plans de façon complètement ridicule: la course-poursuite en bagnole est relativement laide, et surtout, ses effets de travellings circulaires accélérés surdécoupés autour de ses personnages sont honteusement pompés sur Tsukamoto, mais en cinquante fois moins bien.

Tout le monde parle de twist final magnifique. Usual suspects, lorsque l'on découvre que Kayser Soze n'est autre que Kevin spacey et que tout le film n'était qu'un mensonge, ça c'était du twist. Fight club, lorsqu'on découvre que Tyler Durden et jack ne font qu'un, ça c'est du twist. Ou encore, Le village, quand on découvre que le village en question se situe dans notre monde contemporain, là aussi on peut parler de twist (que l'on appréciera plus ou moins). Mais Saw, lui, ne fait que multiplier des rebondissements complètement improbables pour essayer de balader le spectateur dans tous les sens, parce c'est super à la mode au cinéma. Alors, on nous fait croire tout d'abord que c'est Zep le meurtrier, avant de découvrir que c'est en fait un vieil homme qui possède une tumeur et qui est donc gravement malade, qui se trouve être en fait le cadavre au milieu du huis clos entre les deux protagonistes enchaînés, parce que ce fameux serial killer aime bien assister à ses mises en scène macabres. Heu...je pense que pour assister à sa mise en scène, il aurait pu trouver une meilleure combine que de se fair epasser pour un cadavre, de fermer les yeux, de ne pas bouger pendant des heures et des heures...Et puis rappelons qu'il est malade, et que même un mec en bonne santé ne pourrait rester immobile dans des conditions si sordides pendant autant de temps. Rappelons qu'il s'est également pris une balle, mais que malgré qu'il était en phase terminale, il a bien sûr survécu sans problème à ça. C'est pas une balle qui va arrêter notre serial killer après tout! Et puis pour revenir au mauvais traitement despersonnages, rappelons aussi que ce serial killer, on l'avait vu pendant une fraction de seconde dans un lit d'hôpital, juste pour que le réalisateur nous dise: "Héhé! Vous l'aviez déjà eu sous les yeux! Comment n'avez-vous pas deviné que c'était lui le serial killer?". Mais cela est complètement absurde. Il aurait pu tout aussi bien nous montrer dans un plan un figurant tout flou, et mettre une flèche dans sa direction pour nous signifier: "Vous avez vu? il était déjà présent à ce moment! Comment ne l'avez-vous donc pas vu?"

Enfin, ce qui est encore plus pathétique, c'est tous les signes récurrents qui ne trouvent aucun esignification: l'espèce de pantin, la tête de cochon, et enfin, la pièce de puzzle qu'il découpe sur la peau de ses victimes...Heu..ouais d'acord...c'est joli tout ça, mais à quoi ça sert? Absolument à rien! Sur l'affiche du film, il est écrit "Chaque meurtre est une pièce du puzzle". Faux! Un meurtre ne donne aucun indice sur le meurtre suivant! Ils n'ont aucun lien les uns les autres! Il n'y a absolument aucune signification! t pour retrouver le meurtrier, il suffit d'appeler les pompiers et se renseigner sur leurs interventions dans un certain quartier parce qu'on entend sur une vidéo une sirène de pompier! Tout cela est tellement basique! C'est digne d'un téléfilm! Autres choses digne d'un téléfilm: la femme qui réussit à terrasser l'homme (Ali, la femme d'Ali, réussit à se libérer de ses liens qui l'immobilisent en une fraction de seconde lorsqu'elle en a envie, ne me demandez pas comment ni pourquoi, il lui suffit juste de secouer un peu les bras, puis elle se bat avec son agresseur et le terrasse), ainsi que le nombre de fois où le gentil tient l'ennemi à bout portant de son arme, mais refuse de tirer, et se fait finalement avoir! Quelles idées pathétiques de rebondissements scénaristiques tout de même!

Et bien sûr, dans ce genre de film, il faut aussi de l'humour...On a donc droit à de nombreuses blagues pourries qui plombent l'ambiance du film (le mec qui fait semblant de mourir de façon exagérée...heu...ouais, boaf...)

Sinon, pensez-vous qu'il soit humainement possible de couper sa propre jambe avec une scie? Même un samouraï n'en serait pas capable...Le seul intérêt dans le film est de nous offrir une scène gore...

N'oublions pas de mentionner les horribles musiques dignes de n'importe quel film gore de vidéo club...

Autre question qui me vient à l'esprit! Pourquoi Adam cache-t-il à Larry qu'il le connaît et qu'on lui avait demandé de le prendre en photo? Ils sont tous deux près de mourir, et cette histoire pourrait tous deux les aider à savoir qui est derrière tout ça...Mais non, adam préfère se taire, même dans la mort...Complètement ridicule...lui raconter qu'il le connaissait est sûrement la première chose qu'il aurait dû faire...

Bref, ce film manque complètement de sens et de crédibilité!

On aurait pu avoir droit à un fabuleux huis clos d'une heure et demie opposant deux hommes obligés de devenir ennemis, mais qui souhaitent malgré tout s'entraider, on aurait pu avoir droit à un nouvau Cube, mais James Wan n'est sûrement pas Vincenzo Natali. De plus, il est bien dommage que Larry ait à tuer Adam pour sortir vivant de là, tandis qu'Adam n'a aucune échappatoire: l'intérêt aurait justement été dans le fait que chacun désire la mort de l'autre, avec exactement les mêmes armes. Un peu comme dans "Battle royale". Là est le secret de tout bon huis clos.

Bref, Saw est un ratage complet!

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