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Les critiques de l'Archichancelier
1 mars 2007

...OF THE DEAD

- (1968) Night of the Living Dead
- (1978) Dawn of the Dead (plus connu sous le nom de Zombie)
- (1985) Day of the Dead
- (2005) Land of the Dead
- (2008) Diary of the Dead

Je m'attarderai principalement sur les trois premiers opus..

En 1968 sort Night of the Living Dead, premier long-métrage de Romero. Film extrêmement important à divers points de vue. Romero a totalement bouleversé le cinéma fantastique en brisant les règles du genre. L’héroïne annoncée du film sombre carrément dans la catatonie, dont elle ne se réveillera que trop tard d'ailleurs. Bref, les explications concernant le réveil des morts sont laissées au panier, abandonnant les personnages à diverses théories, à l’incompréhension et à la terreur pure. Les zombies de Romero n’ont aucune identité définie. Et ils sont cannibales, un choc total en 1968. Putain et le dénouement est d’une noirceur insondable ! Le fantastique ne s’en remettra jamais totalement, et va évoluer dans les années 70 vers l’épouvante pure, puis évidemment vers le cinéma gore. Mais le film original surprend aussi par son réalisme. Ce réalisme ne tient pas tant à la mise en scène, qu’à son propos symbolique : peinture d’une Amérique raciste, lâche et dénuée de cohésion sociale. Romero n’a pas pour rien confié le rôle principal à un acteur noir et entame avec ce film une carrière très personnelle dans le fantastique, qui ne se détachera jamais totalement d’un point de vue critique et sans illusion sur les Etats-Unis et sur notre civilisation en général.

En 1978, s’associant à Dario Argento pour mettre en scène une suite tardive de Night of the Living Dead, Romero a réalisé avec Zombie un classique incontournable du fantastique des années 70, et l’un de ses meilleurs films d'ailleurs. Bref...si le récit est mené à un train d’enfer, le ton en est pourtant noir et très inconfortable. Certes, on voit à l’œuvre des milices exterminant les cadavres ambulants dans une ambiance de kermesse ; des pillards jouer avec les morts, rire en les mutilant ; même les personnages principaux, des déserteurs repliés dans un supermarché, semblent par moments prendre du plaisir à nettoyer les lieux des zombies qui les hantent. Les quatre déserteurs ont fui un état de siège à leurs yeux désespéré pour s’en construire un autre, identique, quelques kilomètres plus loin. La situation dans le supermarché a les atours d’une planque confortable au sein de laquelle ils peuvent se laisser aller à l’ivresse de pouvoir consommer, de posséder, mais cette illusion de paix se fissure peu à peu : l'angoisse, mise entre parenthèses, est toujours là, l’ennui s’installe, les relations semblent perdre un peu de leur sens , et l’irruption des pillards n’est pas la cause de l’invasion spectaculaire qui s’ensuit, elle n’en est que le déclencheur : l'un des déserteurs, contre l'avis de ses camarades, décide de défendre son territoire et ses possessions dans un élan bien américain qui aura des conséquences désastreuses. Le film s’achève comme il a commencé, de façon complètement brutale. Sans introduction, sans dénouement, dans un mouvement d’espérance trop certainement illusoire. Excellentissime.

En 1985, Romero sort son troisième volet, Day of the Dead, donc. En revoyant cet excellent film de Romero, on réalise à quel point le cinéma d’épouvante était permissif à cette époque. On réalise aussi à quel point les excès gore du film ont contribué à défaire la carrière du cinéaste. Tel quel, Day of the Dead, intelligent, courageux, original, émouvant, n’a pas pu être distribué en salles aux Etats-Unis, et jamais depuis Romero n’a livré d’œuvres aussi audacieuses. Les séquences gore font partie du film, et d’une certaine façon elles contribuent efficacement au dénouement, comme dans Zombie. La partie est perdue pour le genre humain, la mort reprend ses droits, dans toute son horreur. Le récit est un instant en stand-by, et les touches d’humour noir de cette partie du film ne désamorcent en rien le malaise. Romero achève ici, pour les vingt années à venir du moins, sa future ex-trilogie des morts-vivants, série totalement cohérente d'ailleurs. Dans Night of the Living Dead, le phénomène surgissait dans un coin de campagne, isolé, inexpliqué. Les forces de l’ordre semblaient reprendre le dessus au terme du récit. L’essentiel du film consistait à instaurer un huis-clos symbolique, un survival sans espoir, d’une noirceur indescriptible. Dans Zombie, le phénomène avait explosé, la civilisation était en crise, la résistance contre les légions de morts ne parvenait pas à s’organiser de façon efficace. Un groupe de déserteurs fuyait le chaos, et investissait un supermarché, pour s’y oublier le temps qu’une bande de pilleurs vienne les déloger en force. Fin ouverte, brutale comme l’était l’ouverture. Day of the Dead nous dépeint notre monde après l’apocalypse. Les villes sont mortes, les radios sont muettes. Il n’y a plus rien. Quelques survivants, scientifiques et militaires, cohabitent dans un laboratoire sous-terrain, et s’entredéchirent alors que le sens de leurs missions respectives s’évanouit peu à peu. Ici, les personnages principaux ne fuient pas, ils décident de faire face à la crise, et s’ils ne parviennent pas à maîtriser le chaos, le film s’achève néanmoins sur une note d’espoir et d’apaisement. Comme les opus précédents, le propos est extrêmement riche et pertinent, l’interprétation est excellente, la mise en scène abrupte et réfléchie. Pas d’héroïsme à tort et à travers, la situation est ce qu’elle est, et les personnages luttent avant tout avec leur désarroi. Tout simplement impressionnant.

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